2 Ans après Toulouse - Quelle leçon a-t-on appris?

Nous approchons tout doucement de la (triste) date d’anniversaire (19 mars 2012) de la tuerie de Toulouse, survenue à l’Ecole juive dont on a du mal à se souvenir du nom… « Ozar HaTorah »… qui avait fait combien de victimes, déjà ? Ah oui, un papa et « des » enfants… Plus précisément, ses deux fils, âgés respectivement 6 et 3 ans, plus la fille du directeur de l’école, âgée de 10 ans. Mais comme vous le voyez, il ne nous reste plus en tête qu’un vague souvenir d’un « fait divers » car les « détails » (qui représentent en réalité, l’identité de ces personnes) nous ont quittés il y a longtemps... Comment s’appelait le papa ? Comment s’appelaient ses deux fils ? Comment s’appelait la fille du directeur ? Comment a réagi cette femme qui a perdu son mari et ses deux fils en un seul moment dramatique, lors de l’enterrement de ces trois êtres qu’elle avait chéris, soignés et même mis au monde ? Ah ! La douleur du choc vous a quitté peu de temps après, mais cette femme restera pour toujours avec une cicatrice profonde et douloureuse qu’on lui ait arraché ses bien-aimés d’une façon si cruelle, sans aucune raison, sauf celle d’avoir été juifs et d’avoir fréquenté une école juive en France, à Toulouse.

Non, vous ne vous souvenez plus de leurs noms. Mais celui de leur assassin par contre, est devenu un symbole de ralliement, un « martyr » qui s’est battu pour la « bonne » cause… Comme si cette famille juive avait une responsabilité quelconque pour le conflit « Palestinoisraélien » qui se passe à 4.000 km de chez eux… Mais voilà, il faut bien faire quelque chose pour se faire entendre, pour montrer « qu’on existe ». Et on a donc le droit, au nom de cette revendication, de TUER des innocents qui se rendaient tout bonnement à l’école… La raison pour laquelle ils ont été tués ? Ils étaient juifs… tout simplement. Ce qui nous rappelle les 6 millions de juifs envoyés dans les camps de concentration pendant la deuxième guerre mondiale parce qu’eux aussi étaient juifs, tout simplement…

Ce qui est consternant dans cette affaire, c’est de voir certains journalistes qui ne se sont pas gênés de dire que, bien sûr, ce crime est affreux. Mais que si Israël se comportait différemment, on n’en serait pas arrivé là… Si le petit État d’Israël suivait nos conseils et se soumettaient à nos exigences européennes, tout le monde sait (car c’est ce qu’on nous répète constamment) que la paix dans le monde viendrait immédiatement ! D’après cette logique, tous les conflits dans le monde sont liés, d’une façon ou d’une autre, AU conflit situé dans cette petite bande de terre entre la Jordanie et la Méditerranée… En d’autres mots, là où il y a des conflits (entre mari et femme, entre frères et sœurs, entre le professeur et ses élèves, entre ethnies, entre races, etc.) TOUT est d’une façon ou d’une autre, la FAUTE des juifs, en général et des israéliens, en particulier… La notion du juif comme « bouc émissaire » est toujours bien présente dans notre société.

Alors, posons-nous la question : Quelle leçon a-t-on appris à travers, et depuis ce drame qui fait toujours pleurer une maman et les proches des victimes aujourd’hui ? La réponse à mon avis est très simple : AUCUNE…

Car, la haine du juif (la Judéophobie) n’a fait que se propager… Le nombre d’incidents antisémites (en Europe) n’a fait que s’intensifier… Et pourtant on nous avait promis (maintes fois) : « Plus jamais ça ! » On nous avait dit que le gouvernement allait sanctionner sévèrement toute acte antisémite, on nous avait dit que les juifs pourraient se sentir à l’abri en France car ils sont chez eux (en installant des policiers armés devant les écoles et les synagogues…) On nous avait dit que ce fléau de l’antisémitisme serait combattu par tous les moyens possibles et imaginables… Eh ! bien, nous voici deux ans après cette tragédie et je pose la question : « Qu’est-ce-qui a véritablement changé » ?

Est-ce que, par exemple, on parle de l’antisémitisme dans TOUTES les écoles ? Est-ce qu’on apprend aux enfants à respecter « l’autre » même s’il porte une kippa, ou qu’il mange « Casher » ? Est-ce qu’on enseigne systématiquement dans TOUTES les écoles la Shoah au cours d’Histoire ? Est-ce que les écoles organisent une cérémonie de commémoration chaque 27 janvier, dans le cadre de la « Journée de la Commémoration des victimes de la Shoah » instituée par le Parlement Européen ? Sinon, dites-moi concrètement, qu’est-ce-qui a changé depuis la « tuerie de Toulouse » ?

L’Europe doit se décider une fois pour toutes : Ou bien elle est sincère quand elle dit qu’elle prendra toutes les mesures nécessaires pour combattre sérieusement cette maladie enracinée profondément dans le cœur des européens en menant des actions concrètes. Ou alors, qu’elle dise tout simplement, que le sort de ces juifs qui ont aidé à construire l’Europe dans bien des domaines, laisse les européens indifférents car ils préfèrent rester « politiquement corrects »… et plutôt « anti-juifs »…

Les églises en général, sont confrontées, elles aussi, à la même question : « Suis-je gardien de mon frère (aîné) » ? La réponse est évidente… Jésus répond aussi à cette question d’une autre façon : « Toutes les fois que vous avez fait ces choses (apporté une aide concrète) à l’un de ces plus petits de mes frères (ἀδελφός – Adelfos : Frères de chair et de sang), c’est à MOI que vous les avez faites » (Mat. 25 :40)

Je suis stupéfait d’entendre certains chrétiens dire : « Vous voyez, grâce à ces persécutions, les juifs sont en train de rentrer en Israël ! Hallélouyah ! » Ce genre de déclaration est vraiment scandaleuse car elle donne clairement l’impression que ce qui compte pour ces chrétiens, c’est uniquement leur propre intérêt : que les juifs rentrent le plus vite possible en Israël afin qu’ils soient débarrassés de la « question juive » dans leur pays et que bientôt le Seigneur revienne pour les enlever au ciel ! Cela me rappelle cette affirmation de certaines églises protestantes durant la deuxième guerre mondiale : « Nous devons prier pour Adolf Hitler car Dieu utilise cet homme pour rétablir la grandeur et l’économie de l’Allemagne… »

Serons-nous comme la majorité des chrétiens en 1940 qui ont préféré « rester neutre », ce qui voulait dire en réalité, être indifférent à leur sort… Elie Wiesel (survivant de la Shoah) disait à juste titre : « Le contraire de l’amour, ce n’est pas la haine. Le contraire de l’amour, c’est l’indifférence ».

Luc Henrist