« Où est passée la compassion ? »

Mireille Knoll, juive de 85 ans, assassinée sauvagement dans son appartement parisien.


Le vendredi 23 mars 2018, vers 18h30, Mireille Knoll, 85 ans, qui habitait dans un immeuble de dix étages à Paris a été assassinée par 11 coups de couteau. Ensuite, le criminel, voulant sans doute effacer son méfait, a mis le feu à l’appartement dans plusieurs endroits. Le corps de Mme Knoll a ensuite été retrouvé partiellement carbonisé par les pompiers qui avaient été avertis par une voisine.

Le Parquet de Paris retient maintenant le caractère antisémite de ce meurtre. La communauté juive de France est fort émue car cette tragédie lui rappelle le meurtre de Sarah Halimi, 65 ans, tuée elle aussi à Paris, en avril 2017. Le juge d’instruction de cette affaire avait mis pratiquement un an pour reconnaître l’aspect antisémite de ce meurtre.

Mireille Knoll, née en 1932, avait échappé de justesse à la tristement célèbre « Rafle du Vel d’Hiv » en juillet 1942. Sa mère et elle s’étaient réfugiées au Portugal. Mme Knoll est revenue à Paris après la guerre et a épousé un rescapé du camp d’Auschwitz, qui est maintenant décédé, au début des années 2000.

Suite à cela, j’avais « posté » ceci sur ma page Facebook :

« La communauté juive de France vient de vivre une tragédie de plus, par l’assassinat de cette dame de 85 ans. Est-ce que les églises vont exprimer leur sympathie envers les Juifs en leur manifestant leur soutien, comme le dit ce verset d’Esaïe 40:1 « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu » ou rester silencieux ? »

Et presqu’immédiatement, je reçois cette réaction :

« Luc, beaucoup d’entre-nous ne peuvent que condamner cet acte horrible pour la simple raison qu’elle était juive ! C’est abominable ! ……….. Je ne vois pas pourquoi tu cites Esaïe dans ce contexte ??? »

Ce à quoi j’ai répondu :

« Dans quel contexte devrait-on citer ce verset, si ce n’est dans des situations où SON peuple doit être consolé ? Je pense qu’il y a bien des façons d’exprimer sa sympathie aux juifs… Réfléchissez… Vous trouverez sûrement des idées…» et finalement « Comme il est écrit: « n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité » (1 Jean 3:18) ce que je suggère ici, c’est par exemple, envoyer une lettre de sympathie à la famille ou à la communauté juive ou encore au CRIF… Il y a encore bien d’autres façons de montrer sa sympathie… »

Je suis absolument abasourdi pour ne pas dire choqué de voir que pour beaucoup de personnes, la compassion, la sympathie, semblent être des notions qui se sont évanouies, sans doute à cause du tourbillon de nouvelles, de « posts » plus abominables les uns que les autres… Je suppose qu’on s’habitue à la douleur, surtout celle des autres… On se sent impuissant et on baisse les bras, se disant que de toute façon, on ne pourra rien y changer… Je suis choqué par le fait que 250 MILLIONS de chrétiens sont persécutés dans le monde aujourd’hui (principalement dans des pays musulmans) et qu’on en parle très peu (ou pas du tout) dans nos églises. Ceux qui nous représentent semblent être muets face à la souffrance de nos frères et sœurs dans la Foi… Est-ce par indifférence ou par peur de devoir prendre position ? Comme le disait si bien Elie Wiesel :

« Le contraire de l’amour, ce n’est pas la haine… c’est l’indifférence »…

je me souviendrai toujours quand je suis allé en Roumanie la première fois, avoir rencontré un prêtre qui avait passé du temps en prison avec le Pasteur Richard Wurmbrand. Lorsque je lui ai demandé quel message il voudrait faire passer aux chrétiens de l’Ouest, il m’a répondu : « Où étiez-vous lorsque nous souffrions dans les prisons communistes ? Que faisiez-vous pour nous aider ? » Cela me rappelle ce passage de Matthieu 25 dans lequel Jésus, lors du jugement des nations, va souligner l’importance de faire preuve de compassion, de poser des actes concrets envers ceux qui souffrent :

Les justes lui répondront: « Seigneur, quand t’avons-nous vu affamé et t’avons-nous donné à manger, ou assoiffé et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger et t’avons-nous accueilli, ou nu et t’avons-nous habillé ? Quand t’avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous allés vers toi ? » Et le roi leur répondra : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Ce qui est important de réaliser ici, c’est que le mot « frères » est en grec : ἀδελφός (Adelfos), terme qui veut dire avant tout, un frère de chair et de sang, et non un frère « dans la foi »… en d’autres mots, Il parle de ses « frères juifs » ! Cela nous fait comprendre l’importance de montrer de la compassion tout d’abord envers les juifs (et envers les chrétiens aussi, bien entendu !).

La plupart d’entre nous connaissons ce verset qui dit « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui pleurent. » (Romains 12 :15), mais je crois que la plupart d’entre nous s’arrêtent à la première partie : « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent… » mais n’arrivent pas jusqu’à la deuxième partie : « Pleurez avec ceux qui pleurent »… Nous vivons dans une société dans laquelle, c’est le divertissement qui prévaut. Même dans nos églises, on a parfois l’impression d’être en train d’assister à un « spectacle », mais la vie communautaire, les relations entre chrétiens sont souvent très superficielles, réduites, pour ne pas dire inexistantes… Et pourtant, comme le disait l’Apôtre Paul « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui… » (1 Cor. 12:26). Si nous voulons que le monde sache que nous sommes ses disciples et qu’il soit attiré dans nos églises, il n’y a qu’une méthode :

C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres.
Jean 13:35

Et une fois dans l’église, voilà le vêtement qu’on devrait nous voir porter :

Revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience.
Col. 3:12

Luc Henrist